Le calame des lutins, des elfes et des fées

Le calame des lutins, des elfes et des fées

Des chemins de traverse - 2e partie-chap 7 - Ludovic-2

En baie de Somme (2) : chrysalide

 


(Suite de la publication "En baie de Somme (1)", tirée du Journal de Ludovic)

 

 

 

 

Je suis resté longtemps silencieux, partagé entre l’idée de foutre le camp, une curiosité insidieuse qui suggérait d’aller un peu plus loin et une espèce de satisfaction peu avouable d’être l’objet d’une telle attention. Le bruit des mastications, des déglutitions, les blagues lourdes et le rire épais des autres, l’atmosphère enfumée de la grande salle à manger, tout m’insupportait, tout participait du tumulte qui agitait mon esprit. Hébétude et rage.

 

À cet instant précis, j’ai perçu, puis entendu, puis écouté un étrange murmure, doux et paisible, immergeant tranquillement, perfidement, savamment, inexorablement mon être tout entier. Un bain de douce fraîcheur, une joie, oui une joie, timide, mais tenace — le sourire de Louizètt au tout début de notre rencontre.

 

 

« Partons d’ici et allons nous promener, je ne supporte pas cette ambiance ! »

 

 

Le temps était froid, il faisait nuit déjà. Nous suivîmes le bord de mer, vers le nord. La marée était haute. Sans réfléchir, j’obliquai brusquement à droite pour rejoindre le sommet d’une petite dune. Pour prendre de la hauteur ? Oui, sans doute...

 

Un léger souffle venu de nulle part venait lécher les oyats, bien ancrés sur la dune. La lune, à laquelle il manquait un croissant, mirait sa lumière blafarde et tremblante sur la houle noire, calme et majestueuse. Là-haut, très haut, très loin, la Voie Lactée martelait de ses sabots une longue voie romaine, pavée de mille et mille questions, vers je ne sais quel avenir, vers je ne sais quelle lumière.

 

 

Et l’obscurité régnait dans ma tête… et je ne savais plus où était l’étoile Polaire…

 

 

Retour sur le chemin de l’eau sombre et bruissante.

 

Chuchotis du ressac des questions ressassées.

 

« Rentrons, je suis las de tout cela ! »

 

À quelques centaines de mètres de notre baraquement, je lui posai la question qui déchirait ma tête :

 

« Pourquoi ne veux-tu pas répondre à mes interrogations ?

 

— Parce que ce n’est pas à moi de te fournir les réponses : il t’appartient, à toi et à toi seul, d’essayer de les trouver. Cela prendra le temps qu’il faudra, mais elles viendront de toi et non de mes élucubrations. Si les réponses venaient de moi, tu serais toujours partagé entre l’acceptation et le rejet, débat inutile.

Certes, tu pourras apporter de mauvaises explications, mais la vie se chargera de te le faire savoir ! Donc pas de réponses de ma part à ces questions…

 

— Bon, eh bien, il ne me reste plus qu’à essayer de réfléchir… mais j’ai besoin de temps. En tout cas, pas ce soir !

 

— Je te comprends ! Tu sais que je serai toujours là, à tes côtés. »

 

 

 

IMG_5060

Chrysalide

 

 

Par Pollinator, CC BY-SA 3.0





29/01/2021
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