Le calame des lutins, des elfes et des fées

Le calame des lutins, des elfes et des fées

Episode 5 - Ecrire : Imposture? Usurpation ?

 

Episode 5Écrire : Imposture ? Usurpation ?

 

 

Voici bientôt un an, je me suis amusé à pasticher une certaine émission littéraire pour affirmer — ou tenter de le faire — ma conviction : tout être est capable d’exprimer, à la manière qui lui est propre, la beauté, l’âpreté, le charme, l’horreur, la vanité, la puissance, le tonnerre, le murmure de la Nature, l’énergie, la tendresse, la haine, la générosité, le mépris… tout ce qui participe de la vie.

 

Il faut le croire et il faut apprendre à l'exprimer, à SA manière.

 

Jardinage, peinture, sport, musique, guerre, sculpture, solidarité, littérature, politique… Soit dit en passant : se pose le problème de la morale, de l'éthique, mais ce n'est pas l'objet de cette chronique.

 

J’ai baigné dans la musique dès mon enfance, mais uniquement par l’oreille.

 

J’ai découvert, un peu, si peu, la littérature durant mon adolescence, mais uniquement par quelques lectures.

 

J’ai caressé légèrement, si légèrement, la poésie vers la fin de mon adolescence, mais uniquement par le biais d'un petit bout de crayon vite jeté aux oubliettes.

 

L’étudiant que je fus s’est pris de passion pour l’interrogation, pour le doute, pour la réflexion, pour la philosophie, toutes questions traduites en quelques poèmes (relire le poème « Joyeux papillon se mire dans la création », publié sur ce site dans la catégorie Poèmes et sous le titre « Sérendipité ou procrastination ? »).

 

Être absorbé ensuite par une vie professionnelle somme toute assez intense, tout en continuant, vaille que vaille, à griffonner poèmes, chroniques, états d’âme, citations en tout genre, réflexions et rêveries… Sans ne jamais rien publier.

 

Se lancer, sur le tard, dans l’écriture, exaltante et acharnée, d’un roman.

 

Chercher un éditeur.

 

Puis, un peu hagard, se remémorer les deux citations suivantes :

 

 

Et si la littérature, c'était une télévision dans laquelle on regarde pour activer ses neurones miroirs et se donner à peu de frais les frissons de l'action ? Et si, pire encore, la littérature, c'était une télévision qui nous montre tout ce qu'on rate ?

Muriel Barbery, L’Élégance du Hérisson, Gallimard, p 108

 

 

 

 

Le pas d’un cheval remonte la vallée solitaire et fait naître, dans le silence des gorges, de vastes échos ; au sommet des rochers, les broussailles sont immobiles, immobiles aussi les petites herbes jaunes, et les nuages eux-mêmes avancent dans le ciel avec une lenteur particulière. Le pas du cheval s’élève tout doucement le long de la route blanche, c’est Giovanni Drogo qui retourne au fort Bastiani.

 

Oui, c’est bien lui, maintenant qu’il est plus près, on le reconnaît bien, et, sur son visage, on ne lit nulle douleur particulière. Il ne s’est donc pas révolté, il n’a pas donné sa démission, il a avalé cette injustice sans broncher et il retourne à son poste habituel. Au fond de son âme, il y a même la timide satisfaction d’avoir évité de brusques changements dans sa vie, de pouvoir reprendre telles quelles ses vieilles habitudes. Il compte même, ce Drogo, sur une glorieuse revanche à longue échéance, il croit avoir encore devant lui un laps de temps infini, il renonce ainsi à la mesquine lutte pour la vie quotidienne. Le jour viendra, pense-t-il, où tous les comptes seront réglés avec générosité. Mais, en attendant, les autres arrivent, ils se disputent âprement le pas afin d’être les premiers, ils dépassent Drogo en courant, sans même se soucier de lui, ils le laissent derrière eux. Lui les regarde disparaître au loin, perplexe, assailli de doutes insolites : et si, en réalité, il s’était trompé ? S’il n’était qu’un homme quelconque à qui ne revient, de droit, qu’un médiocre destin ?

 

Dino Buzzati, Le Désert des Tartares, Pocket, pp190-191

 

 

 

Alors ?

 

Affirmer l'écriture comme étant un moyen mis en œuvre par l’être humain pour réaliser sur le papier ce qu'il n'aura jamais osé réaliser dans sa vie ?

 

C'est peut-être vrai ; c'est peut-être faux !

 

L'expression artistique est, malgré tout, un vrai projet en soi, sans doute aussi délicat à concrétiser que tout autre projet.

 

Alors ?

 

Se remettre au travail ?

 

Qu'en pensez-vous ? N'hésitez surtout pas à vous exprimer en commentaire, à témoigner de votre engagement : je vous en serais plus que reconnaissant !



 



25/01/2021
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