Le calame des lutins, des elfes et des fées

Le calame des lutins, des elfes et des fées

Exaspération... et désirs

 

 

Tout ce que je découvre, tout ce que je pressens, tout ce que j’embrasse d’une étreinte avide et jamais rassasiée,

tout ce après quoi je marche, cours, m’envole,

tout ce dans quoi je m’enfonce

avec une jouissance totale, une excitation dantesque, une exaltation presque schizophrénique…

 

c’est effectivement déconcertant, déstabilisant.

 

Je me sens totalement submergé par la réflexion à mener, par les connaissances à accumuler, dépassé, noyé, impuissant.

 

Désarmé !

 

J’ai une envie irrépressible de satisfaire des besoins simplement et violemment primaires, la base de la pyramide : bouffer, boire, fumer, baiser, chevaucher un monstre à deux roues, gueuler, hurler.

 

Je rêve de grands espaces, soleils, vents, pluies, neiges, aurores, crépuscules, embruns, glaciers, parois, forêts, prairies de buffles, nager avec les cachalots et les sardines, les baleines et les saumons, voler avec les balbuzards, les aigles, les vautours.

 

Je rêve de devenir une abeille, un serpent, un rouge-gorge, un écureuil, un ours polaire, un loup dans sa meute au coeur de la Sologne enfin libérée,

 

de n’être rien et tout,

 

de naître à nouveau, de mourir pour renaître,

 

de chanter Mahler et Beethoven et le Stabat Mater de Dvorak,

de jouer la première suite pour violoncelle seul de Bach et les Nocturnes de Chopin,

de diriger Dorilla in Tempe de Vivaldi et le Chant des esprits sur les eaux de Schubert,

 

de participer au montage d’un opéra, du début jusqu’à la première,

 

de vagabonder à moto sur les routes du Massif Central...

 

Je veux écrire, je veux réussir à mener jusqu’à son terme ce grand projet littéraire qu’est la Double révolte de Prométhée, je sais tout ce qu’il y a à dire, tout ce dont j’ai eu l’intuition et qui s’est trouvé confirmé par des lectures, des spectacles, des rencontres.

 

Je veux écrire et je n’y arrive pas, englué que je suis dans mes faiblesses, mes besoins d’être rassuré, conforté, épaulé.

 

Tout est trop confus dans ma tête, dans mon corps.

Les intuitions sont là, brûlantes, violentes presque. Et la structuration intellectuelle n’y est pas ou pas suffisamment : pas de réel référent philosophique, pas de réel référent littéraire.

Trop à lire, à découvrir, à approfondir, trop de pistes différentes qui s’imbriquent les unes dans les autres, qui se fécondent, qui se rejettent pour mieux s’épouser et enfanter.

Enfanter, c’est que je souhaite, c’est ce que je veux.



Et j’ai peur de ne pas avoir le temps d’enfanter, de devoir enfouir cette ébullition tout au fond du congélateur de l’impuissance, de l’oubli, de la mort.

 

La tâche est immense…

 

écrit le 28 novembre 2019



29/01/2020
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