Une brise printanière caressait l'abbaye de Chaalis ...
La Dame de Chaalis
Ce souffle qui nous enveloppe
qui déchire nos enveloppes
Ce souffle qui nous envahit
qui nous bouscule
qui nous révèle
l’un à l’un
et
l’un à l’autre
Ce souffle qui guide nos pas
Ce souffle qu’exhale la forêt
toute bruissante
toute frémissante
Ce souffle qui étreint
ces deux marronniers
majestueux et enlacés
plantés là étranges
et solitaires
sur la plaine dénudée
Ce souffle qui irise
délicatement
la petite résurgence
d’eau claire
enchâssée à leurs pieds
d’un parement de pierres
tendres et blanches
Ce souffle qui nous a menés
à l’ombre de ces marronniers
Ce souffle qui a trempé ma main dans cette vasque pure
Ce souffle qui a versé cette eau baptismale dans ta main
Ces mains qui se sont enlacées
Ces mains qui ont joint nos deux corps
humble offrande en un seul souffle
Ce souffle doux et tendre
qui nous enveloppe
qui déchire nos enveloppes
qui déchire ton enveloppe
Ces quelques larmes
qui viennent effleurer
l’onde limpide
qui viennent lui donner tout leur sel
le sel
saumâtre des douleurs enfouies
doux de la tendresse
puissant de la confiance
lumineux de l’amour
enfin dévoilé par ce souffle
Ce souffle qui vient dérober sur tes lèvres ces je t’aime
pour en vêtir tout mon être
pour en caresser toute ma sensibilité
pour magnifier nos corps enlacés
pour baptiser nos êtres envoûtés
Ce souffle qui plus loin
effleure les blés tendres
ondulations de ton corps sous mes caresses
Ce souffle qui mène
nos pas incertains et timides
vers le porche immatériel
de ce temple de pierres couchées dans l’herbe
somptueuse nef reconstruite
de piliers sans pierres
de vitraux sans verre
de voutes sans arcs
Ce souffle qui effleure l’herbe rase
silencieuse musique nuptiale
Michel de la Tharonne
mai 2003
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