Le calame des lutins, des elfes et des fées

Le calame des lutins, des elfes et des fées

Sur la vieillesse

Je viens de publier deux articles sur ce blog ("Toute la musique que j'ai aimée... remastérisée en EPHAD" et "Le cinquantième livre - Pierre Marial - Éditions Victor H.".

 

Permettez-moi de les lier dans cet article, dont ils sont tirés :

 

 

 

Synchronicité ?

 

  1. J’ai terminé, hier soir, la lecture d’un magnifique roman : « Le cinquantième livre » de Pierre Martial (Éditions Victor H.)… J’y reviendrai.

  2. Je viens de visualiser un superbe documentaire proposé par Arte : « Toute la musique que j’ai aimée » (https://www.arte.tv/fr/videos/070804-000-A/toute-la-musique-que-j-ai-aimee/). Soixante-treize minutes de réflexion, de méditation sur la vie, sur la vieillesse, sur la mort et la renaissance, sur les maisons de retraite, sur la façon dont notre société « traite » les vieux. Profondément dramatique, profondément émouvant, profondément humain. Et alors ?



Que sont soixante-treize minutes dans la vie d’une personne ?

 

Partons sur une espérance de vie de 80 ans :

80x365 = 28 480 jours

28 480x24 = 683 520 heures

683 520 x 60 = 41 011 200 minutes

 

Donc 73 minutes représentent grosso-modo 0,00018 % de notre vie… c’est à dire une si légère broutille, à peine un souffle voilé, le très délicat souffle qu’exhale la poitrine d’un de nos vieillards soigneusement cantonnés dans une résidence pour personnes âgées ou une maison de retraite ou un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes ou un établissement psychiatrique (en fonction de la pathologie décelée).



Et le lien entre les deux informations ?



La vieillesse, bien sûr. La passion, sous toutes ses formes : la musique, la peinture, la sculpture, la danse, la littérature.

 

Et, surtout, le lien social, le lien affectif, le pari sur l’autre, sur ce qui est tapis au fond de sa conscience, au tréfonds de son inconscience, le pari sur celui qui n’ose s’affirmer parce que les valeurs du jour ne correspondent pas à ses propres valeurs. L’être humain face aux multiples dictatures politiques, artistiques, philosophiques, spirituelles...

 

Ce lien social sans lequel l’art n’existe pas pas, ce lien social qu’exalte l’art, lui offre son sens, sa détermination, sa ténacité, sa rigueur, sa violence parfois, sa tendresse souvent, sa passion, sa générosité toujours.



« Le cinquantième livre » de Pierre Martial, aux Éditions Victor H.

Quelques soirées du pur bonheur !

Un style simple, dépouillé et, tout à la fois, chaleureux.

Un certain art de jouer avec les mots (« l’incertain certain de son destin », p 181 et «  lire des livres... lire délivre » p 194, entre autres) pour déclamer, sans pudeur, mais sans lourdeur, sa profession de foi : LIRE !

Le charme de Montmartre, des ruelles, des places, de l’architecture simple et populaire, l’évocation tendre et discrète des hauts lieux de ce haut lieu de Paris, les clins d’œil à tous ces artistes qui ont créé la réputation de Montmartre, clins d’œil insérés avec un talent inouï dans la trame dramaturgique du roman tissée dans la lumière de ce personnage si simple qu’est E.H. (Ernest Hemingway ? Non, tout bonnement Ernest Hérisson), libraire de son état, les lumières de sa vie, de sa passion, libraire passeur de passions (« Chaque année, des centaines de milliers de passionnées, de passionnés venaient s’y ressourcer, s’y enlivrer, s’y délivrer » p 41).

 

Pierre Martial a écrit un roman de passion, un roman simple et haletant, tendre et violent. Un roman poétique par son style, ses images, par la description de ses personnages, tant humains que non humains, par la simplicité directe de ses mots. Un roman poétique dans sa trame, dans son essence : le regard de l’écrivain est le regard d’un poète et son regard nous incite à porter le même regard poétique sur la vie.

 

Bien sûr, il y déploie une défense acharnée du LIVRE, du LIRE, bien sûr il y développe une apologétique radicale du rôle du libraire, et ce à quelques jours du premier confinement du printemps 2020 ! Mais surtout, et je n’hésite pas à me répéter, il magnifie le lien social créé par l’art, une certaine force spirituelle :

«  … Enfin les forces de l’esprit ».

Bien qu’athée, Ernest y croyait de toute son âme. Il lui semblait recevoir des « signes » de temps à autre. Il avait la certitude, à certains moments, d’être connecté avec tel ou tel écrivain disparu, célèbre ou méconnu, glorifié au Panthéon des Lettres ou injustement tombé dans l’oubli. Il lui semblait comprendre ce qu’il souhaitait, ce qu’il aurait aimé, ce qui lui ferait petit ou grand plaisir là où il était. 

Pierre Martial —Le cinquantième livre – Éditions Victor H. p 21.

 

Et cette force spirituelle serait à elle seule bien vaine… mais elle anime une communauté spirituelle à l’efficacité redoutable !

 

Profession de foi qui s’exprime de la façon la plus radicale dans le choix de l’éditeur, choix explicité par Pierre Martial dans la postface de ce premier roman (« Postface ou la singulière histoire d’un livre », p 375).



25/03/2021
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